Quelle idée de photographier des usines ? ou la petite histoire de la photographie industrielle

Aimeriez-vous avoir une cheminée qui crache de la fumée grise juste au fond de votre jardin ?

Une voie de chemin de fer de l'autre côté de votre rue ?

Je ne pense pas et pourtant, certains se sont pris d'amour pour ces paysages, au point de les photographier !

Alors voici une petite revue des origines de la photographie industrielle

Les débuts

Le 19e siècle, la révolution industrielle est bien lancée et la photographie vient de faire son apparition. Bon, ce n'est pas encore un cellulaire dans la poche, il faut se transporter un énorme appareil, des plaques de verre, des produits chimiques ...

Bref, vous l'avez compris, il fallait vraiment aimer ça.

Mais le mot est là : une révolution !

Et une révolution, ça se documente.

On ne jure alors que par le progrès : ponts en acier, voies ferrées, usines textiles

Les structures métalliques font rêver les foules

On organise les premières expositions universelles d'où est issue la célèbre Tour Eiffel

Baldus célèbre les ouvrages d'arts, ponts et viaducs en France, Timothy H. O'Sullivan s'occupe des infrastructures de l'Ouest Américain.

Au début du 20e siècle, la photographie va jouer un rôle prépondérant dans l'amélioration de l'efficacité dans les usines. Et oui, on optimisait déjà !

Les grandes entreprises créent même leur propre service photographique, ce qui va permettre la création de fonds d'archives aujourd'hui inestimables.

L'esthétique industrielle

Le béton et le métal deviennent rois au travers des différents courants artistiques des années 20 tel le Bauhaus. Le coté esthétique et architectural des usines devient un terrain artistique pour certains photographes, comme Alexander Rodtchenko.

Puis c'est la croissance infinie (on le croit encore) et jusque dans les années 60, c'est l'essor de la communication de masse. Dans les brochures, on montre ce qu'on produit mais aussi comment et avec quelle modernité !

Rappelez-vous des publicités des années 50 qui mettaient en valeur les fusées, les avions, jusque dans les dessins des automobiles.

C'est la bascule vers l'image de marque et la photo devient un outil stratégique.

Les prémisses de la marque employeur en quelque sorte !

Le virage vers l'humain

C'est dans les années 70 qu'un tournant s'amorce : on veut enfin voir qui il y a derrière les machines. Dès la fin des années 60, le monde change avec la guerre du Vietnam, la Corée, les manifestations et la fin du Flower Power.

L'aspect social prend plus de place dans les lentilles des photographes. On s'intéresse aux hommes, à leur visage, leurs souffrances.

Raymond Depardon ou Dieter Blum documenteront avec excellence ces environnements.

La photo industrielle n'est plus seulement un outil de communication mais devient un outil politique. Elle permettra de ne pas oublier les petites mains qui produisent tout en valorisant ces compétences invisibles.

La photo industrielle aujourd'hui

Notre aspect de la photographie industrielle a bien changé.

En 2025, l'image est au service de la marque, c'est un levier stratégique de communication.

On retrouve les photos partout : Linkedin, sites internet, réseaux sociaux, brochures, ...

Le photographe industriel va capturer des ambiances de travail, faire des portraits des collaborateurs et même documenter des processus techniques complexes,

On veut rendre l'industrie attractive, dans un contexte de pénurie de main d'oeuvre qualifiée.

Fini les clichés grisâtres d'atelier : place à la lumière, à la couleur et à l'énergie !

Les outils ont aussi grandement évolués : finis les plaques de verre ! Bonjour les appareils légers, les images immédiates et le drone ! Une nouvelle révolution !